Amoureux des langues, amoureux des mots, bonne Saint-Valentin!
J’attendais ce jour pour partager avec vous quelques découvertes intéressantes sur le thème des langues et de l’amour. Vous qui me lisez, je devine que vous êtes au moins bilingue. Si vous cherchez l’âme sœur, cela vous donne peut-être une longueur d’avance, selon une étude internationale menée auprès de 5 000 hommes et femmes. Pour 79 % des répondants, la connaissance d’une autre langue rend plus séduisante une personne du sexe opposé. Elle donne aussi l’air plus intelligent, disent 77 % des répondants. Vous pouvez donc partir à la chasse en toute confiance!
Mais ce n’est pas tout, vous qui parlez français, vous tenez carrément le haut du pavé aux yeux des non-francophones, car toujours selon cette même étude, la langue de Molière se classe au premier rang des langues les plus « sexy ». Pas étonnant, direz-vous, puisque le français est universellement reconnu comme la langue de l’amour. Je laisserai à Marilyn Yalom, auteure du livre Comment les Français ont inventé l’amour, le soin de vous expliquer d’où vient cet état de choses. Pour ma part, je constate que les anglophones ne se gênent pas d’emprunter à notre langue des mots comme rendezvous, tête-à-tête et ménage à trois pour parler d’amour. Cela dit, si vous parlez coréen, ne vous en vantez pas trop lors de votre prochain rendez-vous galant : la langue de Psy serait la moins sexy de toutes selon le palmarès évoqué plus haut.
Mais revenons encore un peu à la quête de l’âme sœur. À l’ère numérique, les sites de rencontres sont désormais le terrain de prédilection des âmes esseulées. Et là, si vous maîtrisez bien votre langue (écrite!), vous avez un atout de plus. Un sondage réalisé auprès de 1 700 utilisateurs et utilisatrices de ces sites nous apprend que les fautes de grammaire seraient un irritant majeur : 43 % disent que ça les rebute carrément et 35 % jugent qu’écrire sans fautes, ça fait sexy. L’importance accordée à la grammaire augmente aussi avec le revenu : les personnes dont le salaire annuel fait dans les six chiffres s’en soucient davantage que celles dont le revenu est en-deçà. À bon entendeur…
L’amour et la langue ne font toutefois pas toujours bon ménage. Le verbe aimer, observe Cocteau, est difficile à conjuguer : son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif, et son futur, toujours conditionnel. Ouf… Et puis il y a des mots d’amour qui sont tout simplement intraduisibles. Ici, le champion toutes catégories est le mot mamihlapinatapai qui nous vient des Yamana de la Terre de feu et qui détiendrait le record Guinness du « mot le plus succinct ». Selon Wikipédia, il décrit « un regard partagé entre deux personnes dont chacune espère que l’autre va prendre l’initiative de quelque chose que les deux désirent mais qu’aucun ne veut commencer ». Et que dire du mot arabe ya’aburnee, qui désigne le désir de mourir avant son être cher par peur de souffrir de son absence. Vous en voulez d’autres? Le Huffington Post vous en dresse une petite liste.
En guise de conclusion, je vous offre cette citation de Roland Barthes tirée de Fragments d’un discours amoureux : « Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l’autre. Comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. » Au risque de me répéter, bonne Saint-Valentin!
René Morin
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